Étude d’archéologie urbaine et du bâti de la forteresse de Jublains
Forteresse de Jublains (Mayenne)
Vue oblique prise du sud est de la forteresse de Jublains. Crédits : Hugo Meunier
Enjeux du programme : étude d’archéologie urbaine et du bâti visant à reprendre l’examen de la forteresse romaine de la ville de Jublains en lien avec des travaux de restauration.
Nature de l’opération : fouille et étude de bâti préventives.
Co-direction : Cécile Doulan (Conseil départemental de la Mayenne, structure porteuse de l’opération), Hugo Meunier (Ville de Laval, UMR 6566 CReAAH - LARA)
Principaux collaborateurs : Arnaud Coutelas (Dtalents Consulting), Gwenaël Hervé (LSCE), Christophe Loiseau (Éveha), Martial Monteil (Nantes Université, UMR 6566 CReAAH - LARA), Maxime Mortreau (Inrap, UMR 6566 CReAAH - LARA), Pauline Peter (Ville de Laval, UMR 6566 CReAAH - LARA), Alexandre Polinski (Archeodunum, UMR 6566 CReAAH - LARA)…
Soutien : Conseil départemental de la Mayenne, Nantes Université, UMR 6566 CReAAH-LARA.
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Le projet
Le complexe fortifié de Jublains, souvent qualifié aussi de « forteresse », de « fortin », de « fort » ou parfois, improprement, de « castellum » ou de « burgus », a été édifié en lisière sud-ouest de la ville antique du Haut-Empire, chef-lieu de cité des Aulerques Diablintes.
Depuis que les premiers érudits s’y sont intéressés et, encore aujourd’hui, il suscite un certain nombre d’interrogations quant au phasage de son évolution, aux datations associées ainsi qu’à sa fonction.
L’ensemble est encore aujourd’hui remarquablement bien conservé en élévation et a été sauvé d’une destruction à peu près certaine par Prosper Mérimée qui, en 1839, a incité le département de la Mayenne à l’acquérir, puis a contribué à son classement sur la première liste des Monuments historiques de 1840.
Il se décompose en trois parties bien distinctes, en retenant ici la chronologie proposée par René Rebuffat dès 1985, qui reste justement un important point de discussion.
Au centre, un puissant édifice quadrangulaire avec cour intérieure et quatre tourelles d’angle, associé à deux petits bâtiments thermaux extérieurs, daterait de la fin du IIe s. apr. J.-C. Il correspondrait à un entrepôt fortifié relevant de l’annone (service public de ravitaillement de Rome en blé) et pourrait avoir également servi de station au cursus publicus (service du courrier impérial).
Des adjonctions (silos, bassins ou citernes) ainsi qu’un imposant talus de terre précédé d’un fossé l’entourant seraient mis en place peu après 290.
Enfin, une enceinte maçonnée avec des tours et des portes, très proche dans sa conception générale de celle du Mans, viendrait renforcer l’aspect défensif du complexe vers la fin du IIIe s. apr. J.-C., peu avant l’abandon qui interviendrait au début du IVe s.
Depuis février 2023 et jusque dans le courant de l’année 2025, le monument, qui tendait à se dégrader, fait l’objet d’importantes campagnes de restauration successives qui permettent de nouvelles observations sur les différents murs du complexe grâce à une surveillance archéologique régulière.
Des études de bâti ont ainsi pu être engagées, accompagnées de prélèvements de charbons de bois et de briques pour datations archéométriques, de quelques sondages ponctuels, d’une couverture photogrammétrique complète et aussi d’une reprise intégrale de la documentation réunie depuis le XVIIIe s. (compte-rendus de fouilles, plans, dessins et photographies, mobiliers…).
L’équipe est également investie pour une large part dans le projet collectif de recherche sur l’enceinte romaine du Mans, permettant de fructueuses comparaisons.
- Pour en savoir plus
**Bocquet A. 2024 : Jublains/Noviodunum, chef-lieu de cité des Aulerques Diablintes, in Monteil M., Varennes G. (dir.), L’archéologie antique en Pays de la Loire. Bilan de deux décennies de recherches (2001-2021), Rennes, Presses universitaires de Rennes (coll. Suppl. à la Revue archéologique de l’Ouest, 11), p. 133-165.
**Bocquet A., Meunier H., Monteil M., Mortreau M., Sarreste F. 2022 : Villes et campagnes des cités des Aulerques Cénomans et Diablintes entre les IIIe et VIIe s. apr. J.-C., in Chambon M.-P., Crogiez-Pétrequin S., Ferdière A., Janniard S. (dir.), L’Antiquité tardive dans le centre et le centre-ouest de la Gaule (IIIe-VIIe siècles), Actes du colloque international ATEG VI, Tours, 6-8 décembre 2018, Tours, FERACF (coll. Suppl. à la Revue archéologique du Centre de la France, 81), p. 167-187.
**Napoli J. 2003 : Le complexe fortifié de Jublains et la défense du littoral de la Gaule du Nord, Revue du Nord, 85, 351, p. 613-629.
**Rebuffat R. 1997 : Le complexe fortifié de Jublains, in Naveau J. (dir.), Recherches sur Jublains (Mayenne) et sur la cité des Diablintes, Rennes, Pôle éditorial archéologique de l’Ouest (coll. Documents Archéologiques de l’Ouest), p. 271-289.